Je précise que les deux illustrations de mes blogs précédents,
ainsi que celle-ci,
sortent du déclencheur de M. S. Mane,
un de mes camarades de stage.
Qu'il en soit remercié.
Et que Jean de la Fontaine soit loué - Quae sunt Caesaris, Caesari - de cette petite fable que je ne connaissais pas jusqu'à présent:
Le faucon et le chapon
Une traîtresse voix bien souvent vous appelle ;
Ne vous pressez donc nullement :
Ce n'était pas un sot, non, non, et croyez-m'en,
Que le chien de Jean de Nivelles.
Un citoyen du Mans, chapon de son métier
Etait sommé de comparaître
Par-devant les lares du maître,
Au pied d'un tribunal que nous nommons foyer.
Tous les gens lui criaient pour déguiser la chose,
"Petit, petit, petit" : mais, loin de s'y fier,
Le Normand et demi laissait les gens crier :
"Serviteur, disait-il, votre appât est grossier ;
On ne m'y tient pas ; et pour cause."
Cependant un faucon sur sa perche voyait
Notre Manceau qui s'enfuyait.
Les chapons ont en nous fort peu de confiance,
Soit instinct, soit expérience.
Celui-ci qui ne fut qu'avec peine attrapé,
Devait le lendemain être d'un grand souper,
Fort à l'aise, en un plat, honneur dont la volaille
Se serait passée aisément.
L'oiseau chasseur lui dit : "Ton peu d'entendement
Me rend tout étonné. Vous n'êtes que racaille,
Gens grossiers, sans esprit, à qui l'on n'apprend rien.
Pour moi, je sais chasser, et revenir au maître.
Ne le vois-tu pas à la fenêtre ?
Il t'attend : es-tu sourd ? - Je n'entends que trop bien,
Repartit le chapon ; mais que me veut-il dire,
Et ce beau cuisinier armé d'un grand couteau ?
Reviendrais-tu pour cet appeau :
Laisse-moi fuir, cesse de rire
De l'indocilité qui me fait envoler,
Lorsque d'un ton si doux on s'en vient m'appeler.
Si tu voyais mettre à la broche
Tous les jours autant de faucons
Que j'y vois mettre de chapons,
Tu ne me ferais pas un semblable reproche".
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